Peux-tu nous parler de toi, de tes activités en quelques mots ?
Depuis tout petit, je suis un passionné de son, de musique, d’image. Je pratique la guitare et la photographie. En grandissant, j’ai commencé à m’intéresser au cinéma, au rapport entre l’image et le son à travers la vidéo. C’est donc naturellement que je me suis dirigé vers une licence à l’École Supérieure d’Art des Pyrénées à Pau. À la fin de mon cursus, en 2013, j’ai décidé de me mettre à mon compte et proposer mes services en tant que graphiste. Parallèlement, j’ai continué à composer des morceaux à la guitare grâce à des logiciels électroniques, jouant par-dessus des morceaux enregistrés avec des boites à rythmes.
D’où-te vient cette passion pour la photo, le son, l’image ?
Elle me vient de mes parents et leurs univers éclectiques. Mon père jouait du Bob Dylan à la guitare et l’harmonica. Ma mère penchait plus pour la musique africaine. Elle était très créative, retapait des meubles, faisait de l’encadrement. Cette façon de se réapproprier les choses m’a beaucoup influencé. Aujourd’hui je travaille comme ça : me réapproprier les choses, les musiques, les images, pour mieux les comprendre. Ce côté autodidacte est pour moi totalement nécessaire. Tu assimiles quelque chose seulement si tu as bien voulu mettre la main à la pâte…
Le goût du roadtrip m’a amené à faire de la photo. En fait, j’ai commencé à prendre des photos en vacances, avec des clichés de voyages. Pour moi, la photo permet de sublimer la mémoire. La photographie est entre le documentaire et la fiction… il y a toujours cette part de réalité que l’on cherche à rendre plus belle.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Mon univers musical est très métissé. Je suis très attiré par les musiques rythmées, notamment les musiques qui viennent d’Afrique. Et puis il y a le funk, le disco, le blues, la bossa, les musiques latines. Le hip hop. Etant fan de musique électronique, j’essaie de jouer sur les frontières entre les différents styles qui me plaisent, en restant toujours sur des bases très rythmées.
Mon univers tourne autour du son, de l’image, qu’elle soit statique ou en mouvement. J’aime m’amuser sur le médium vidéo, arriver à faire dialoguer les deux comme au cinéma.
«“Je suis quelqu’un de très observateur et je m’inspire de tout ce qui m’entoure, des gens autour de moi.”»
Cet été, j’ai travaillé dans un bar (le Motel à Biscarosse),qui venait d’ouvrir et qui avait besoin de s’inventer une ambiance sonore. L’idée était de récréer l’esprit d’un motel au Mexique. Pour répondre à ça, je me suis tourné vers tous les clichés associés à cet univers: les films à la Tarantino, Rodriguez, et toute la musique qui va avec. Résultat, on a obtenu une ambiance éclectique avec des sons venus tant de Californie que du Mexique, entre le hip-hop, la musique traditionnelle sud-américaine, le rockabilly ou rock psychédélique. Je préparais mes petites playlists de façon à ce que ça colle au lieu, un peu à la façon d’un décorateur d’intérieur. En fait, j’habille l’espace musicalement! C’est ça, le travail du designer sonore.
Quelles sont tes inspirations artistiques ?
Répondre à cette question m’est assez difficile, tout simplement parce que dans la vie je n’arrive pas, ou plutôt je ne veux pas, faire de choix catégorique. Que ce soit dans mon travail ou dans mes croyances. Ce qui m’intéresse, c’est développer une forme de syncrétisme… Tu piques à droite, à gauche, certaines valeurs qui t’intéressent, et tu développes ton univers. Un univers forcément métissé car imprégné de ces différentes influences.Je suis quelqu’un de très observateur et je m’inspire de tout ce qui m’entoure, des gens autour de moi. Mes amis, ma famille, forcément.
Si je devais citer des noms… je dirais Nicolas Jaar pour mon inspiration musicale… et Martin Paar pour la photographie.
Quelle est la personne qui t’a le plus influencé ?
Je me souviens de ce moment, où j’ai vraiment décidé de me mettre à la musique électronique. C’était à Barcelone, au festival Sonar en 2011, devant une performance de Nicolas Jaar, à 6h du matin. J’écoutais et je me disais: “voilà, c’est la musique que j’aurais aimé faire”. Je n’avais jamais entendu un son comme ça, et dès lors j’ai eu envie de composer mes propres morceaux.
En photographie, j’aime le regard de Martin Parr sur le Monde. C’est de la photo documentaire, mais toujours orientée. Un peu dans l’esprit de ce que l’on pouvait trouver dans l’émission strip-tease à l’époque. La part de fiction reste bien présente, elle questionne le regard et l’interprétation de la réalité. J’aime cette façon de capter l’absence, cette composition de l’image, cet oeil omniscient et le sarcasme de l’humour anglais. Il sacralise, tourne en dérision, joue avec ces moments du quotidien… et finalement, les sublime. Pour moi, Martin Parr est un observateur de génie.
Les images de David Lynch et Larry Clark ont également été de grandes sources d’inspirations pour moi. L’univers onirique que Lynch instaure dans ses films ou Clark dans ses photos: encore une fois, on est entre le documentaire et la fiction. C’est ce qui m’intéresse et ce que je cherche à recréer dans mon travail. Garder ce côté “raconteur d’histoire”, qui me suit depuis tout petit… alors, j’étais passionné par les mythologies!
Sur quels projets travailles-tu en ce moment ?
Aujourd’hui, je propose mes services en tant que designer sonore et audiovisuel.
Ces 5 dernières années, j’ai fait énormément de photographie et de musique, de manière un peu boulimique, frénétique. J’en suis arrivé à un point où j’estime avoir constitué ma banque d’images, tout ce qui peut être représentatif de mes expériences, de mon vécu, de mon regard sur les choses. Et à partir de là, je suis en train de recomposer… Je classe ma mémoire, et je réfléchis à comment la restituer de la meilleure manière. Un peu à la façon d’un collectionneur.
Et puis, il y a aussi mon site web, actuellement en construction… Il devrait être en ligne d’ici la fin du mois si tout va bien !
Un métier que tu aurais aimé faire ?
Anthropologue. J’ai toujours été fasciné par l’Histoire, les peuples, les mythologies. Les masques, aussi. Une chose dont je me suis rendu compte en creusant un peu, c’est ce lien dans toutes les cultures tribales, entre la musique et l’apparence. Par exemple, cette recherche musicale qui consiste à produire un son avec un instrument, mais d’une façon totalement inattendue. On met de côté l’apparence de l’instrument et du musicien, et on se dirige vers quelque chose de complètement nouveau.
Un coup de coeur artistique à nous faire découvrir ?
Un coup de coeur musical serait Andrew Ashong. Sa musique a réussi à ramener, avec justesse, une part un peu R’n’B et soul que je n’avais pas entendue depuis longtemps.
Un morceau que tu écoutes en ce moment ?
En ce moment, Eagle Nebula, une chanteuse de hip-hop anglaise. Ou DJ Assault, les années 90! Du old school qui revient à la mode… un son EFFICACE qui donne envie de danser!
Une anecdote à nous raconter ?
Je pourrais te parler de cette fois, il y a peu, où je tenais une conversation sur le mimétisme, avec un copain. À un moment, une fille que l’on ne connaissait de nulle part, est arrivée dans notre conversation avec cette phrase: “le mimétisme, c’est quand tu aimes”. Ce qu’elle voulait dire, c’est: quand tu aimes quelque chose, tu vas te mettre à mimer cette chose. Mimer, c’est s’imprégner. La plus belle façon de s’imprégner des choses autour de toi, des choses que tu apprécies. Voilà, j’ai trouvé ça très juste. Pour moi, le mimétisme se retrouve partout, tout le temps. Tu forges ta personnalité à partir des choses que tu as aimées et que tu cherches à reproduire, et à montrer.
Une passion particulière ?
Je dirais… contemplateur de nuage! Pour moi, c’est là la base de l’observation et du développement de l’imagination. Ton esprit s’évade…
Et puis en toute logique, il y a la cuisine! Le goût vient s’additionner à l’ouïe et la vue. J’aime sublimer les différents sens et les plaisirs!
Quelle personnalité nous recommandes-tu de rencontrer pour 10point15 ?
Mars Melto, un artiste, musicien et écrivain nivane que j’ai rencontré pendant mon voyage au Vanuatu.
Il chante dans un groupe de raggae. Il a mis en place une association qui vise à développer la culture au Vanuatu, et qui donne sa chance à tous les jeunes nivanes qui ont un talent, et qui ont envie de s’exprimer via un médium artistique. Dans ce contexte de pauvreté extrême et de corruption, une rencontre comme celle-ci, une telle philosophie, m’ont vraiment marqué.