Peux-tu nous parler de ton univers artistique ?
Je réalise des portraits de personnes que je connais, et je les mets en scène dans un univers surréaliste. En fait, je raconte des histoires à travers mes dessins. J’aime y mettre de la poésie et traduire des sentiments.J’aime également travailler des éléments qui ne sont pas nécessairement beaux, en tous cas au regard général. Je tente de les rendre plus esthétiques, plus agréables à regarder. Les insectes par exemple, qui sont perçus comme plutôt laids, lorsqu’on les regarde vraiment, peuvent être hyper beaux ! On peut trouver de l’esthétisme partout !
D’où te vient cette passion pour le dessin ?
Je dessine depuis tout petit. Ne pouvant pas partir en vacances, je passais le temps en dessinant. J’ai commencé à faire des petites BD et suis ensuite passé à des formats plus grands. Grâce à ma formation en design graphique, j’ai découvert les feutres Tria (feutres Pantone) que j’ai beaucoup utilisé avec les crayons de couleur. Et depuis 2013, je n’utilise plus que les crayons.
Contrairement à l’utilisation de la peinture où tu peux reprendre ton travail, avec le crayon, tu n’as pas le droit à l’erreur. Mais c’est une tension qui me plaît; quand je dessine, j’aime être hyper attentif à ce que je fais. J’ai une tendance à ne jamais être satisfait de montravail et de constamment le reprendre. L’utilisation du crayon m’en empêche, et c’est un gros avantage, car passant déjà presque 2 mois sur un dessin, je ne sais pas combien de temps cela me prendrait…
Quelle est la personne qui t’a le plus influencé ?
C’est Alfons Mucha, un artiste de la période Art Nouveau. Quand j’étais Gamin, j’habitais à côté de la bibliothèque de Bordeaux où je passais toutes mes vacances. Je regardais tous les bouquins d’art et suis tombé sur Alfons Mucha, j’ai halluciné ! J’ai vu qu’il était possible de dessiner des femmes – que j’adorais déjà – (rires) mêlées à la nature. Il a réalisé une série de tableaux sur les 4 saisons qui m’a subjugué.C’est lui qui m’a donné envie de dessiner des portraits.Il y a aussi Léonard de Vinci, et Georges de La Tour, pour notamment l’utilisation du clair-obscur autour des bougies.
Quelles sont tes inspirations artistiques ?
«Je m’inspire de mes rêves»
Je ne regarde pas trop ce qui se fait autour de moi car je suis une vraie éponge et je veux garder mon identité artistique.Je m’inspire plutôt de mes rêves. Je choisis une personne de mon entourage que je connais bien -le plus souvent un(e) ami(e)- et j’en rêve.Le processus est simple : il suffit juste qu’avant de m’endormir, j’y pense très fort; ensuite, le rêve vient tout seul. Ce qui est dingue, c’est que je peux revenir sur un même rêve plusieurs fois! Et alors inconsciemment, une nouvelle facette de mon ami(e) surgit dans mon esprit, et m’apparaît une image. C’est cette image que je vais dessiner. Si je veux un effet de réalisme, il est parfois difficile de retranscrire trait pour trait mon rêve, notamment avec certaines positions carrément impossibles dans lesquelles je vois mes potes. En prenant la photo de mon modèle (que j’utilise ensuite pour dessiner), je m’approche au maximum de la position vue dans mon rêve, mais en l’inscrivant dans la réalité.
Sur quels projets travailles-tu en ce moment ?
En ce moment, je travaille sur une série de 12 portraits. Je me donne 1 an et demi pour faire ma première expo solo.
Un métier que tu aurais aimé faire ?
Et bien je suis en train d’accéder au boulot de mes rêves : dessiner. J’ai longtemps cru que je pouvais continuer à faire des t-shirts. J’en ai fait pendant 15 ans, et je m’étais imaginé éventuellement reprendre la boutique… Mais j’ai finalement réalisé que ce que je veux, c’est dessiner. Si j’arrive à en vivre, ça serait magnifique ! Mais je crois que je suis sur la bonne voie… (rires)Ce qui est drôle, c’est que depuis tout jeune, c’est en faisant des t-shirts que j’arrivais à faire connaître mes dessins…
Un morceau que tu écoutes en ce moment ?
Pour chaque tableau, j’écoute un même artiste ou même un album en boucle. Je mets aux alentours de 2 mois pour terminer un dessin, donc après je fais carrément une overdose…En ce moment, c’est l’album de Die Antwoord qui tourne en boucle, et j’aime vraiment bien le morceau Fatty Boom Boom
Une anecdote à nous raconter ?
Pour le tableau avec Joy, il est arrivé un truc horrible !Mon dessin était donc fait aux crayons de couleurs et quasiment terminé. Pour faire un effet de fumée colorée, j’ai utilisé de la cire. Cela donnait un super effet, mais il fallait que je redessine par dessus, et là, impossible. J’ai pleuré tout ce que je pouvais car je venais de foutre en l’air 2 mois de boulot.J’ai finalement séché mes larmes, j’ai gratté la cire avec un cutter, mis de l’eau et j’ai quand-même dû découper le dessin qui était bien plus grand au départ.
Une passion particulière rien que pour toi ?
J’adore les documentaires animaliers ! Je peux en ingurgiter des tas, surtout ceux avec des insectes. Ce que je préfère, c’est tout ce qui trait à l’organisation ou à l’architecture, comme avec les fourmis, les abeilles, les termites, ou encore les oiseaux architectes. Je trouve cela fascinant.
Quelle personnalité nous recommandes-tu de rencontrer pour 10point15 ?
Nicolas Gavino, un jeune photographe bordelais. Je trouve qu’il y a beaucoup de poésie dans son travail. Et les positions incongrues de ses nus me rappellent un peu les positions impossibles de mes rêves…