Peux-tu nous parler de toi et de ton activité ?
J’ai un parcours un peu atypique, puisque l’industrie musicale n’est pas du tout ma formation initiale. Je suis ingénieur agronome en biologie végétale. En sortant de cette formation, j’ai travaillé au Vietnam pour une société suisse qui avait un projet expérimental de production de framboises, pour voir comment les plantes se comportaient sous les latitudes tropicales. J’ai travaillé là-bas pendant un an, c’était fabuleux. J’aime beaucoup les voyages et j’aime beaucoup l’Asie. Humainement, ça a été extraordinaire. C’était à 1h environ au Nord d’Hô Chi Minh, on était deux sur place, dans les montagnes, mon boss et moi, un peu perdus. J’avais à ma charge la gestion d’une ferme; je m’occupais notamment du suivi agronomique des plans, du suivi de récolte et de la commercialisation. C’était en 1998 -1999. Au retour du Vietnam, mon épouse qui faisait médecine a eu son internat sur Bordeaux, donc on a déménagé de Paris vers Bordeaux. J’ai alors travaillé un an à cheval entre Bordeaux, le Périgord et le Maroc, toujours dans les fruits rouges : ce n’était plus des framboises mais des grosses fraises. Je passais 4 mois de l’année au Maroc et le reste en France, ce qui était un peu compliqué à gérer !
J’ai décidé sur un coup de tête de démissionner de ce poste. Je me suis demandé pourquoi ne pas changer de filière, et faire quelque chose de complètement différent : j’avais envie d’être mon propre patron, de pouvoir gérer mon temps, mes projets comme je le désirais. C’est là que j’ai eu l’idée de défendre des groupes, à l’origine anglo-saxons, dans une veine folk-pop-rock que j’écoutais depuis de nombreuses années, et que je trouvais à l’époque – et d’ailleurs toujours maintenant – assez sous-représentée en France et en Europe. C’est comme ça que je me suis mis, en 2000, à me dire que j’allais peut-être monter une maison de disques. J’ai appris tous les contrats sur le tas, j’ai potassé les livres de l’IRMA, j’ai rencontré des personnes qui m’ont conseillé, comme Philippe Couderc, qui tient le label Vicious Circle à côté. J’ai passé beaucoup de temps sur internet pour apprendre les rouages du métier car je n’y connaissais vraiment rien! J’étais un grand lecteur des Inrocks période mensuelle, j’étais un fervent auditeur de Bernard Lenoir sur France Inter ; c’était un peu mes deux totems. J’ai voulu profiter de l’outil Internet, qui permettait de découvrir depuis Bordeaux des groupes de New-York ou de la côte Ouest américaine. C’est comme ça que j’ai parcouru un site qui s’appelait mp3.com, une sorte d’ancêtre de Myspace qui fonctionnait sous forme de recommandation et avec un algorithme qui faisait que si on était fan de Velvet Underground, on devait être fan également de tel ou tel groupe. C’est comme ça que je me suis mis à écouter beaucoup de musique. C’est sur ce site que j’ai découvert la première signature du label, un groupe new-yorkais qui s’appelle Elk City, et qui sortait son premier album sur un label américain pendant l’été 2000. Ce label n’avait pas du tout de représentation en Europe, et je leur ai proposé un contrat de collaboration. C’est ce qu’on appelle un contrat de licence : il permet d’acquérir les droits master, les droits de la galette déjà reproduite et pour ensuite dupliquer l’oeuvre et en faire une promotion et une distribution.
J’ai commencé depuis ma chambre puisqu’à l’origine je travaillais depuis chez moi, dans le salon; il y avait les enfants qui jouaient et mes disques à côté, c’était un peu rock’n’roll. Mais j’ai eu la chance d’avoir, dès le début, le soutien de Bernard Lenoir qui a beaucoup apprécié l’album et a même invité le groupe pour une black session, ce qui n’était pas rien à l’époque ! La promotion s’est plutôt bien passée pour un premier album, mais elle était éclatée : je ne maîtrisais absolument pas les tenants et aboutissants de la promotion à l’époque, je faisais les choses au fur et à mesure, c’était donc un peu dilué. Le disque ne s’est pas vendu massivement mais il a quand même eu un succès d’estime. Suite à cette sortie française, je me suis dit qu’il fallait très rapidement que l’on puisse proposer ces artistes non pas seulement sur le territoire national mais qu’on puisse aller un peu plus loin, en Belgique, en Suisse, et puis au fur et à mesure en Allemagne, en Angleterre.
Au tout début le label avait un statut associatif, je ne savais pas du tout si j’allais pouvoir en vivre. J’ai sorti un second disque quelques mois plus tard, The Birdwatcher originaire de New York. En 2002, j’ai sorti The Walkmen – j’étais vraiment très branché New-York au début – et ensuite The National, en 2003, le second album de ce groupe qui est devenu énorme depuis. Je les ai malheureusement perdus : on avait eu de supers retours presse en France et en Angleterre, ce qui a titillé la curiosité des labels anglais et notamment de Beggars, qui m’a piqué le groupe parce que je n’avais pas cadenassé les contrats… 2004 a aussi été une année assez importante pour moi car j’ai signé le groupe Flotation toy warning, qui se situe entre le côté rêveur de Flaming Lips, Mercury Rev, assez cinématographique. En 2005, le label a été à l’origine du retour des Wedding Present, notamment en France, un groupe mythique des années 90, dont on a sorti le nouvel album “Take Fountain”. On a aussi sorti cette année-là le premier album de The Organ, un groupe canadien. Ces sorties nous ont permis d’étendre notre réseau.
En quoi consiste véritablement ton métier ?
«J’ai le sentiment d’avoir une vraie chance de faire ce que je fais»
Le rôle premier d’un directeur de maison de disques comme la mienne, c’est vraiment la direction artistique. A mon sens, le plus important, c’est de prendre du temps pour découvrir des groupes, parcourir internet, voir des concerts, aller dans des conférences, des festivals de musique émergente en France et à l’étranger. Sur les quarante groupes signés chez Talitres, j’ai fait moi-même la démarche d’aller vers 35 à 38 artistes. Ça veut dire que quasiment tous les groupes sont là parce que je suis allé vers eux. Ces dernières années, je collaborais avec un groupe finlandais qui s’appelait Rubik ; ils m’avaient invité en Finlande pour une semaine de festival et de conférences, “Lost in Music”. C’est là-bas que j’ai découvert un groupe estonien qui s’appelle Ewert and the two dragons, que j’ai ensuite signé. De la même façon, la sortie du groupe s’est très bien passée en 2012, et leur manager m’a invité à Talin dans un festival qui permet de découvrir des groupes, l’après-midi chez des disquaires ou des galeries d’art, et le soir dans des clubs. C’est là que j’ai découvert le groupe russe Motorama, que j’ai ensuite signé.
Ce que j’appelle la ligne directrice, c’est vraiment faire en sorte que l’on puisse avoir un catalogue qui représente globalement une certaine image et corresponde à une certaine esthétique. Même si je trouve qu’il y a des différences entre des groupes comme Rubik, Motorama et Will Samson, il y a quand même une certaine cohérence entre toutes ces signatures. Et j’y suis très attaché car je crois que ça permet aux journalistes d’identifier le label, de prendre le temps de le chroniquer, ça permet aussi de fidéliser les acheteurs. Il y a des fans de musique qui suivent des labels, comme ils suivent des groupes ! A mon sens, il y a une certaine cohérence au sein du catalogue, même si j’imagine que cette cohérence évolue… Ce que j’ai envie de défendre aujourd’hui n’est pas la même chose qu’il y a 15 ans ! Mes goûts évoluent un peu.
Dans la signature d’un groupe, il y a deux types de contrat. Le premier est le contrat de production que l’on appelle aussi le contrat d’artiste. Il permet d’accompagner des artistes quasiment depuis leur chambre jusqu’à la commercialisation du disque. Je choisis avec eux un certain nombre de démos, on écoute des pistes, on fait des sélections, on décide ensemble de quel studio louer pour enregistrer l’album, avec quel directeur artistique travailler, etc. Il y a un accompagnement à la fois financier – puisqu’on prend en charge les salaires des musiciens, la location du studio, etc – et un accompagnement artistique. On prend également en charge l’enregistrement, la post production, et on réalise avec eux toute la partie graphique, le mixage, le mastering, etc.
Autrement il y a le contrat de licence : on intervient un peu plus tard dans le processus, en laissant au groupe la liberté d’enregistrer par lui-même. Il va gérer tout seul la location du studio, les éventuels salaires, mais on leur fait un versement d’avance sur royauté, pour acquérir des droits. Pour beaucoup de contrats chez Talitres, ce sont des contrats de licence, mais qui s’approchent de contrats de production dans le sens où les avances sont assez conséquentes. Cela permet aux groupes d’enregistrer dans de bonnes conditions, en Russie et aux États-Unis. Ils sont libres de faire comme ils l’entendent et de me délivrer un album quelques semaines plus tard.
Dans les deux cas, on accompagne le projet pour la partie commerciale et on gère la promotion en interne. J’y tiens énormément, car je trouve qu’il est important de montrer aux journalistes que les personnes qui signent les artistes sont les mêmes que celles qui les défendent. Nous sommes deux, avec Edouard Massonat, à nous répartir ce poste-là : Edouard gère plutôt tout ce qui est promotion internet ou avec les réseaux de radios et la promotion lors des concerts. Je gère pour ma part les quelques médias plus importants. Une autre grosse partie du travail est de coordonner la sortie, comme un chef de produit : faire en sorte qu’un disque sorte dans les bacs et sur les plateformes numériques et l’accompagner au mieux à ce moment-là. C’est une discussion que l’on a avec nos distributeurs physiques et numériques, à savoir quel est le public visé, quelle quantité mettre en place, comment on peut gagner de la visibilité en magasin, etc. Un grand axe de développement que j’ai déjà évoqué, c’est le développement du label à l’export. C’est quelque chose auquel je suis très attaché, car le marché français est très étriqué. On a besoin d’avoir des groupes qui sont présents en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, etc. Travailler à l’export, ce n’est pas seulement sur la distribution, c’est aussi travailler avec des agents et des tourneurs qui vont nous permettre d’organiser des tournées et la présence des groupes dans les festivals. Sur certaines de nos sorties, on y arrive parfaitement. Par exemple, Micah P. Hinson a eu de supers retours en Italie et en Angleterre ; Motorama se développe très bien à l’international. Cela demande beaucoup d’énergie, beaucoup d’investissements et parfois à perte, mais j’estime que c’est nécessaire.
Ce qui me semble important, c’est d’apporter un discours positif. Tu l’as compris, je fais ce boulot par choix, et malgré le contexte ambiant et cette industrie musicale qui est parfois compliquée à porter, j’ai le sentiment d’avoir une vraie chance de faire ce que je fais. C’est un luxe de pouvoir sortir les groupes de mon choix, de gérer mon temps comme je le veux, et de faire le métier que je fais, tout simplement. Même si au sein de mon activité et de mon planning il y a 20% de plaisir et 80% de labeur, c’est comme tout le monde ! Mais Je tiens à ce discours positif car je lis trop souvent des choses misérabilistes des labels indépendants et je tiens vraiment à m’en détacher.
Qu’est-ce que ça change d’être un label indépendant par rapport aux majors que tout le monde connaît ?
«Je suis fier de travailler avec les artistes avec lesquels je travaille !»
On est beaucoup moins interventionnistes que les majors. Tout à l’heure je disais qu’on accompagne les groupes de façon artistique, mais s’ils nous demandent un avis, on leur laisse au final beaucoup de libertés : celle d’enregistrer leurs morceaux comme ils le souhaitent notamment. C’est aussi un accompagnement plus artisanal ou familial, voire les deux ! Nous avons une relation avant tout humaine avec nos artistes, et j’ai très peu d’artistes qui ont des managers, peut-être deux ou trois, c’est tout! Souvent les artistes pensent qu’à partir du moment où ils collaborent avec un label indépendant ils n’ont pas besoin de manager. C’est vrai que ça aussi, ça me demande du temps : j’ai souvent l’impression d’être leur manager. Ils se tournent très souvent vers moi, me sollicitent à toute heure, je suis là pour les guider, les orienter, discuter ensemble d’un planning, de stratégie de promotion, de planning de tournées. Il y a donc cette relation de confiance qui s’est instaurée entre nous. Je suis fier de travailler avec les artistes pour lesquels je travaille ! Je collabore avec des projets que j’aime, et toutes mes signatures sont des coups de cœur.
L’autre point qui peut distinguer les labels indépendants des majors, c’est notre envie de porter les projets sur la durée. Sortir un album pour le sortir, ça n’a pas d’intérêt. Quand je sors un disque, je ne suis pas là pour faire un coup, ou parce que je me dis que telle chanson a le potentiel pour passer en radio sur France Inter. Je sors un disque parce que j’ai envie d’accompagner un projet. Et de temps en temps il y a des catastrophes financières, mais c’est pas pour ça que j’ai envie d’arrêter avec le groupe. Dorénavant, collaborer avec un artiste c’est plutôt essayer de raconter une histoire. J’essaie d’expliquer régulièrement qu’il faut être patients, et notamment aux groupes français parce qu’ils ont du mal avec ça. Beaucoup de groupes ont l’impression que dès qu’ils ont une chronique dans les Inrocks, ça y est c’est la gloire, alors que pas du tout. C’est très prestigieux, c’est fabuleux, mais ça ne fait pas vendre, c’est juste un premier pas. Je le dis souvent aux groupes, et notamment aux groupes français qui sont encore à mon avis très chouchoutés. Beaucoup sont accompagnés par des structures, comme des pépinières d’artistes ou des tremplins, sans parler du régime des intermittents. Alors pour certains, se mettre dans des situations périlleuses et devoir attendre, c’est pas vraiment dans leurs habitudes. Je ne suis pas pour le côté libéral des choses, mais parfois le fait d’être très proches des réalités économiques a du bon. Je pense à The National notamment: ils ont réussi à percer parce qu’en 2003, quand ils sont venus en tournée pour la première fois, c’était sur leur temps de vacances !
Est-ce qu’il y a une personne en particulier qui t’a marqué ou influencé ?
Je ne pense pas qu’il y ait une personne en particulier ; peut-être plutôt des artistes. Il y a aussi des labels anglais auxquels j’ai pensé quand j’ai monté le label, comme Matador, Bella Union, Secretly Canadian, Drag City, que j’admirais et que j’admire toujours, que je regarde soit avec envie soit en les considérant comme des partenaires ou des labels qui vont dans le sens de ce que fait Talitres aujourd’hui. Je me suis aussi inspiré de leur mode de fonctionnement, notamment du label Domino qui signait des groupes américains sous licence.
Un artiste coup de cœur ?
Bill Callahan, car j’ai l’impression que contre vents et marées, il est en train de dresser une œuvre artistique que j’estime énormément. Ce que j’admire chez lui, c’est qu’il n’y a pas de concession. Il fait l’œuvre qu’il a envie de faire, avec une grande intégrité, et sans forcément avoir envie de plus d’exposition médiatique. Il continue son chemin, et je trouve ça admirable. C’est plus ce type de personnage “totem” dont j”essaie de suivre la démarche avec mon label. Bien évidemment, quand je signe un groupe, j’espère qu’on ne va pas se planter lamentablement et quand même vendre des disques. Parce que la finalité d’un label comme le mien – il ne faut pas se le cacher – est bien de vendre des disques. On est quand même une société commerciale, et par respect pour le groupe, il faut être en mesure d’en vendre le plus possible. Mais j’ai toujours cette démarche de me demander pourquoi je sors ce groupe : c’est parce qu’il correspond à ce que j’ai envie de défendre avec le label.
J’aime aussi beaucoup Mark Kozelek. J’étais déjà un grand fan de Red House Panthers qui était son premier groupe, de la côte ouest américaine. Tout ce mouvement slow core ou sad core, c’est une musique assez lente, folk, un peu amplifiée, assez dépressive, mais terriblement belle. Moi, ça me retourne le cœur. Mark Kozelek multiplie les collaborations : il a sorti un album fabuleux avec Jimmy Lavalle, dans lequel les musiciens mélangent l’univers folk dépressif de Mark avec des touches d’électro folk. Il raconte des histoires du quotidien au fil de ses chansons, c’est vraiment très beau, je trouve ça assez fabuleux.
Quels sont les projets actuels ?
Ce que je trouve important mais que je ne prends pas assez le temps de faire, c’est de créer des ponts avec d’autres champs artistiques. C’est d’ailleurs aussi là que je trouve mes références et mes inspirations. Pas forcément chez des maisons de disques ou des musiciens, mais aussi des peintres, des directeurs de galeries d’art, des écrivains, etc. J’aimerais beaucoup que le label puisse collaborer plus régulièrement avec des peintres, de Bordeaux ou d’ailleurs.
«J’essaie donc de créer (…) des collections avec des artistes, des liens entre des personnes qui voient leur métier de la même façon.»
Il y a peu de temps, à la Maison du Japon, j’ai découvert Aho Asakawa, une artiste japonaise qui fait des encres. Je suis allée la voir dans son atelier à Caudéran, nous avons sélectionné une encre ensemble, qui sera la prochaine représentation sur le T-shirt de Talitres. J’essaie donc de créer comme ça des collections avec des artistes, de créer des liens entre des personnes qui voient leur métier de la même façon. J’ai d’ailleurs un ami qui vient d’ouvrir une librairie photo à Bordeaux, rue Bouquière qui s’appelle L’ascenseur végétal; on va essayer de collaborer ensemble pour mélanger les champs artistiques !
Une question difficile : il faut choisir un morceau que tu écoutes en ce moment, et un seul !?
Je vais choisir un morceau de Destroyer, “Girl in a Sling”, issu de son dernier album Poison Season. C’est un morceau qui est tout en retenue, tout en tensions, qui est relativement court, alors qu’il pourrait durer huit minutes et je ne m’en lasserais pas. Ça représente assez bien ce que j’aime. C’est un peu difficile à expliquer, mais ce que j’apprécie dans la musique, c’est son côté absolument éphémère. Quand tu écoutes un morceau, tu écoutes la note qui s’égrène, puis disparaît. Or c’est pas tout à fait éphémère, c’est toujours là. C’est cette mixité des choses que j’aime beaucoup chez Destroyer, et que j’espère reproduire dans mes signatures. Il y a aussi ce côté un peu douloureux dans la beauté des choses. C’est compliqué à expliquer car c’est subjectif, mais j’aime la douleur du côté éphémère, la douleur de pouvoir écouter un morceau qui touche profondément et qui finalement disparaît très vite.
Une petite anecdote à nous raconter ?
Je reviens à The National. Même s’ils sont partis rapidement, je leur dois encore beaucoup. J’avais organisé leur tournée car, aussi absurde que ça puisse paraître, quand j’avais organisé la sortie de leur album en 2003, je n’avais pas trouvé de tourneur. Il y a eu une soirée un peu cocasse : ils ont joué un soir dans un tout petit lieu à Thiers. Quand je leur ai demandé comment ça c’était passé, ils m’ont répondu « c’était fabuleux, sauf qu’on a joué dans une boîte échangiste ! ».
Est-ce qu’il y a un autre métier que tu aurais aimé faire ?
Ingénieur agronome, c’est vraiment un métier que j’aimais ! Je ne regrette pas d’avoir changé de boulot, mais j’adorais l’agronomie sous les tropiques et j’aurais pu continuer.
Ce qui me manque parfois, ce serait de pouvoir mixer ce travail de label manager avec un travail un peu plus social. J’adorerais organiser des concerts dans les prisons, les hôpitaux. J’aimerais avoir le temps de faire parfois des choses sans en attendre de retombées commerciales. Organiser des concerts dans des lieux atypiques et singuliers pour mes artistes, j’adorerais ça ! Un des métiers que j’aurais aimé faire, c’est combiner ça avec les voyages : travailler pour une ONG par exemple, je pense que ça m’aurait beaucoup plu.
Est-ce que tu as une personnalité à nous recommander, que l’on pourrait rencontrer avec 10point15 ?
Philippe Couderc, du label Vicious Circle. On a créé en Aquitaine la fédération des labels indépendants, la FEPPIA. Je suis membre fondateur et trésorier de la FEPPIA, mais Philippe en est le Président ; il est très impliqué dans le projet. Ce n’est pas toujours facile à animer, car parmi les quarante structures on a une grosse disparité des problématiques et des moyens. Il n’y en a que quelques-unes qui font ça à temps plein. Il y a aussi la FELIN, une confédération des fédérations nationales des labels indépendants, dont Philippe est également Président.
Reportage réalisé en mémoire des victimes des attentats du 13 novembre 2015.